Quand les
autres furent repartis, Fran se sentit abattue, malheureuse. Stu n’était pas en très grande forme lui non plus. Il avait l’air fatigué, pensa-t-elle. Nous devrions rester à la maison demain, nous parler, faire une petite sieste dans l’après-midi.
Décompresser un peu. Elle regarda la lampe Coleman et se dit qu’elle aurait préféré la lumière électrique, la belle lumière électrique qui s’allume en posant le doigt sur un interrupteur.
Elle sentit ses yeux se mouiller.
Et elle se le reprocha. Non, il ne fallait pas commencer, compliquer encore les choses, mais cette partie d’elle-même qui contrôlait les grandes eaux ne semblait pas vouloir l’écouter.
Tout à coup, le visage de Stu s’éclaira.
– Eh bien ! J’ai failli oublier !
– Oublier quoi ?
– Je vais te montrer ! Ne bouge pas !
Il sortit et elle l’entendit descendre l’escalier. Elle s’avança jusqu’à la porte, mais il revenait déjà. Il avait quelque chose à la main et c’était un…
– Stuart ! Où as-tu trouvé ça ? demanda-t-elle, heureuse et surprise.
– Dans un magasin d’instruments de musique.
Elle prit la planche à laver, la regarda sous tous les angles. La planche était encore tachée de bleu de lessive.
– Où ça ?
– Rue Wallnut.
– Une planche à laver dans un magasin de musique ?
– Oui. On frotte ça avec une baguette. Ça fait un drôle de son. Il y avait aussi une lessiveuse formidable, mais quelqu’un avait déjà percé un trou pour en faire une contrebasse.
Elle éclata de rire, posa la planche à laver sur le sofa, s’approcha de Stu, le prit par la taille. Quand ses mains coururent jusqu’à ses seins, elle le serra encore plus fort.
– Le médecin a dit qu’il fallait lui jouer de temps en temps un peu de trombone, murmura-t-elle.
– Quoi ?
Elle se colla contre son cou.
– On dirait qu’il aime ça. Et moi aussi. Tu veux bien jouer du trombone ?
– Je veux bien essayer.